Anne-Marie Piguet
Anne-Marie naît dans une famille du Sentier, francophile et empreinte de valeurs humanistes, son père est inspecteur forestier dans le massif vaudois du Risoux(d).
C’est une élève intelligente et vive, elle fera des études de lettres à l’université de Lausanne. Lorsqu’elle apprend la défaite française et qu’elle entend la haine antisémite proclamée, elle renonce à une carrière d’enseignante pour s’engager dans la Croix-Rouge suisse - Secours aux enfants.
Elle part pour la France et arrive à Montluel en juin 1942. Elle y découvre la détresse et le danger qui menace les enfants des camps dévolus aux étrangers indésirables en France : certains petits arrivent à Montluel depuis Rivesaltes, ils sont en danger vital.
Anne-Marie sera envoyée ensuite au château de la Hille le 6 mai 1943. Elle mesure le danger grandissant qui menace les plus âgés des enfants. Alors que l’angoisse augmente, les stratégies de protection s’élaborent à la Hille.
Anne-Marie prend alors la décision d’organiser une filière en direction de la vallée de Joux, malgré les directives de neutralité de la Croix-Rouge suisse.
À la Vallée, elle rencontre par l’intermédiaire de Fred Reymond et de la famille du Campe, Victoria Cordier. Les deux jeunes femmes se parlent, Victoria écrira, enthousiasmée par la personnalité et la détermination d’Anne-Marie : « Avec vous aucun danger n’était insurmontable, on entrait tout de suite dans vos plans ». Ce jour-là, elles affinent leur projet. Madeleine, aussitôt informée est partie prenante ; elle fera les fausses cartes. La filière est née.
Rosa Moreau-Marimon (enfant de la Hille) dira d’Anne-Marie : « C’est une silhouette vigoureuse, une démarche particulière et surtout une énergie dans toute sa personne avec un visage facilement souriant et rieur. »
Avec Victoria Ritz-Cordier et Madeleine Cordier, Anne-Marie Im Hof-Piguet recevra la Médaille de Juste parmi les Nations le 28 novembre 1991 à l’ambassade d’Israël à Berne.