Au départ de l’association
Au départ, il y a des rencontres : en 2012, deux cinéastes amateurs viennent à Chapelle-des-Bois rassembler des témoignages sur les « passeurs ». Elle, Anne-Sylvie Debard, est suisse ; lui, Samuel Debard, est originaire de Haute-Loire, du Chambon-sur-Lignon.
Auprès d’eux, les évènements évoqués raniment la force des souvenirs d’amitié, les amis suisses venant toujours visiter la famille Cordier depuis le temps de la guerre à la maison de « Sous le Risoux ».
D’autre part à la même période, le maire de Chapelle-des-Bois nous transmet une proposition : l’institut Yad Vashem sollicite les maires de France qui comptent des Justes parmi les Nations sur leur commune pour leur rendre hommage.
L’idée de créer une association suisse et française afin de réaliser « quelque chose » dans le Risoux(d), qui ne porte pas encore l’appellation « lieu de mémoire », est là. Ce « quelque chose » aura vocation à rassembler, afin de se souvenir d’une page de la Résistance, et à veiller.
L’association loi 1901, Alliance-Liberté est créée en novembre 2012 ; son objet est le suivant :
« Pour se souvenir des passages des enfants juifs du château de la Hille, des familles juives, pour se souvenir des passeurs (ils sont quatre auxquels l’institut Yad Vashem a décerné la médaille des Justes dont deux Suisses : Anne-Marie Piguet et Fred Reymond, et deux Françaises : Madeleine Cordier et Victoria Cordier), pour se souvenir d’autres passages restés anonymes.
Pour marquer le lieu de mémoire, le passage crucial entre la France et la Suisse : le Gy de l’échelle où tous sont passés.
Pour se recueillir dans le devoir de Résistance, le devoir de vigilance, de veille face à la persécution des peuples, Et dans ce but : marquer le lieu au-dessus du Gy de l’échelle, jonction de nos 2 pays, un lieu de “retrouvement” , un lieu d’unité.
Associer à la réalisation de ce projet des jeunes et des enfants. Permettre à ce lieu d’avoir une vocation pédagogique et culturelle. »
Le 28 août 2014, l’association inaugure le lieu de mémoire composé d’une stèle commémorative et pédagogique et d’une sculpture, « Ces femmes passeurs d’enfants ».
L’association a fait appel à Monsieur Olivier François, paysagiste concepteur à Pratz (39), pour la création et la réalisation de cette stèle.
La sculpture « Ces femmes passeurs d’enfants » a été créée par l’artiste sculpteur Edith Convert.
L’installation s’est déroulée avec l’aide de jeunes scouts d’Alsace.
Le lieu de mémoire est installé sur une parcelle dite « la pièce à Blondeau » dont la particularité est d’être située sur France mais propriété du canton de Vaud. Il est situé en bordure du GR5 entre la Roche Bernard et La Roche Champion et se trouve à 15 minutes à pied de l’Hôtel d’Italie côté Suisse. Cette installation a été financée par des dons et subventions suisses et françaises.
Autour de ce lieu, l’association Alliance-Liberté organise des rencontres avec des groupes d’enfants et d’adolescents et avec les adhérents et les sympathisants de l’association.
« C’est quelque chose comme une ombre, une présence, quelque chose d’assez sobre et, comme cela concernait les femmes et que l’on ne met pas souvent les femmes en avant dans les passages, je trouvais important de représenter la femme et l’enfant durant ces nombreux passages. » Edith Convert
« Nous avons eu beaucoup de plaisir à réaliser cette porte et à travailler à la mémoire de quelque chose qui est très noble, très beau et on espère que cette mémoire nous aidera à progresser et rendre notre avenir meilleur. » Olivier François
« Ce monument est conçu avec une citation du prophète Jérémie en caractères hébraïques. L’artiste et l’artisan qui ont découpé les lettres dans ce panneau, ont retrouvé une antique tradition talmudique qui veut que lorsque Dieu a donné à Moïse les tables de la loi gravées, dit la Bible, de son doigt il avait gravé à l’emporte pièce dans la pierre, comme le sont les lettres ici. Un commentaire du Talmud dit : “Ne lis pas Grâce en hébreu (Harat) lis Liberté (Harout) car la loi c’est la liberté et ce que faisaient ces passeurs et leurs protégés, c’était de quitter la loi personnelle d’un dictateur, la loi folle d’une personne pour retrouver de l’autre côté de la frontière la loi universelle.” Francis Weill, fils du Docteur Weill de l’OSE (œuvre de secours aux enfants)