Maurice et Eléonor Dubois
Maurice Dubois est né à Bienne en Suisse le 17 juillet 1905. Militant actif au sein de mouvements socialistes chrétiens, il choisit l’objection de conscience.
Membre actif du Service Civil International SCI, il s’engage comme volontaire humanitaire vers la fin de la guerre d’Espagne. Il rencontre alors Eléonor IMBELLI, américaine ayant obtenu la nationalité suisse, elle aussi volontaire humanitaire, qui deviendra son épouse.
Au moment de l’invasion de la Belgique par les Allemands en mai 1940, il se trouve dans le sud de la France où il organise l’accueil des réfugiés espagnols qui fuient le régime de Franco, c’est la Retirada.
À cette période, dix-sept associations humanitaires suisses constituent un cartel suisse de secours aux enfants victimes de la guerre, c’est Maurice Dubois qui est chargé de la délégation pour la zone sud, basée à Toulouse. Il coordonne et organise les foyers refuges, homes et colonies d’enfants secondés par des réfugiés espagnols, notamment Charles Martinez-Parera (cf. le livre de son fils « Les enfants dans la Tourmente »).
C’est dans ce cadre que le Cartel a été sollicité pour prendre en charge une centaine d’enfants juifs qui avaient dû fuir la Belgique et qui se trouvaient logés dans des conditions très difficiles à Seyre.
Maurice et Eléonor Dubois s’activent sans relâche pour trouver un lieu d’hébergement pour ces enfants. Ils vont trouver le Château de la Hille et le remettre en état pour les y accueillir.
Le 26 août 1942, vers cinq heures du matin, les gendarmes français entrent dans le château de la Hille et arrêtent tous les enfants de plus de 16 ans pour les conduire au camp du Vernet. Dès qu’ils sont prévenus, Maurice et Eléonor Dubois s’organisent, Maurice part immédiatement à Vichy défendre la cause des enfants auprès des autorités françaises. Alors qu’Eléonor part pour Berne. Rösli Näf, la directrice de la colonie, entre dans le camp, déterminée à ne pas laisser les enfants se faire emmener en Allemagne. Leurs actions coordonnées ont été déterminantes et les enfants seront libérés.
Les témoignages sont nombreux pour rendre hommage à Maurice Dubois, celui de José Martinez Cobo dans le livre « Les enfants dans la tourmente » est particulièrement émouvant :
« Ce bel homme, grand, à la chevelure romantique, était d’une grande douceur et bonté, de convictions très prégnantes et d’une exigeante éthique. Il émanait de lui une véritable aura. Dans les situations difficiles que vivront nombre de collaboratrices, dans les camps et les homes, il apportera compréhension, solidarité, secours et son arrivée était toujours attendue avec espérance et soulagement. »
Jacques Roth, enfant de la Hille, écrira :
« C’est Maurice Dubois et Rösli Näf – s’interposant entre nous et l’anéantissement –, qui en nous apprenant que tous les hommes et toutes les femmes n’étaient pas nos ennemis, nous ont écartés de la tentation de la haine ou de la vengeance à laquelle, après la guerre, nous aurions pu nous abandonner. »
De 1953 à sa retraite, Maurice Dubois dirigera le Foyer d’enfants des Billodes au Locle (Suisse). Le couple aura deux garçons. Eléonor décède le 30 décembre 1982 à l’âge de 73 ans. Maurice Dubois reçoit la médaille de Juste parmi les Nations le 2 mai 1985, il décède le 6 décembre 1997 au Locle à l’âge de 92 ans.
En octobre 1988, Maurice Dubois écrira :
« … Tous les travailleurs de la Croix-Rouge-Secours aux enfants sont seuls autorisés à écrire TOUT cela. Il faudrait le faire ; le feront-ils ? Les souvenirs sont douloureux. Mais après presque un demi-siècle passé, ne reste-t-il pas le souvenir d’un travail accompli ? Plus, l’assurance d’avoir marché sur le chemin de la justice, de la vérité. Il y a là la ferveur de la foi. Dilemme : Respecter d’une autorité la loi, Respecter d’un être la Foi. »