Recueil de dessins d’enfants du château de La Hille
La colonie de la Hille ouvre en février 1941 dans le sud-ouest de la France, en Ariège. Le Secours Suisse aux Enfants, qui s'associe en 1942 à la Croix-Rouge Suisse, prendra en charge une centaine d'enfants et d'adolescents juifs au château de la Hille. Ces jeunes Allemands et Autrichiens fuyaient le nazisme dans leur pays. Ayant vécu un temps sur le sol belge, ils sont contraints de fuir à nouveau lors de l'invasion allemande. Arrivés en France à Toulouse, ils demeurent quelques mois à Seyre en Haute-Garonne dans des conditions très précaires, avant de se fixer à La Hille.
En août 1942, lors d'une rafle, une quarantaine de jeunes juifs âgés de plus de 16 ans sont conduits au camp du Vernet. La directrice Rösli Näf réussit à y pénétrer pour les soutenir et partager leurs souffrances. Leur tourment prit heureusement fin grâce à la pugnacité de Maurice Dubois, responsable à Toulouse des colonies suisses du sud de la France. A leur sortie du camp, il devint nécessaire d'organiser leur protection. Certains des jeunes s'enfuirent clandestinement vers l'Espagne, d'autres vers la Suisse. Anne-Marie Piguet, enseignante à la colonie de la Hille, parvient à organiser une filière vers la Suisse avec l'appui de sa famille, d'amis suisses et de jeunes Résistants Français.
Au château de la Hille, d'octobre 1943 jusqu'au début 1945, Emma Ott assure la direction de la colonie. Là, vivaient des enfants juifs (étrangers et français) avec des enfants non-juifs, comme des enfants de réfugiés républicains espagnols et des français ayant des problèmes de santé. Ce brassage d'enfants et d'adolescents de dix pays différents et de confessions diverses développa l'esprit de respect, ceci favorisé par l'attitude et l'enseignement des adultes (en majorité suisses) encadrant la colonie. Ce recueil de dessins dévoile le quotidien des enfants de la Hille entre l'automne 1943 et le début de l'année 1945. Ces dessins reflètent également la reconnaissance des enfants pour toutes les personnes dévouées qui leur ont permis de grandir dignement et de croire encore en la valeur de la vie. Ces dessins font partie de documents conservés par Emma Ott.
Nous remercions chaleureusement les archives d'histoire contemporaine de Zurich (Archiv für Zeitgeschichte der ETH Zürich (AfZ) : NL Emma Ott ) pour leur collaboration à faire connaître ce qui constitue un témoignage précieux et émouvant d'une époque douloureuse de notre histoire. Nous remercions aussi tout particulièrement Mme Rosa Marimon-Moreau, elle-même Enfant de la Hille, pour sa contribution à cette préface.